FRFS160

sV  Dimanche du Temps Ordinaire

L’esprit de l’évangélisateur 

Un jour, Jésus se trouvait sur le bord du lac de Génésareth ; la foule se pressait autour de lui pour écouter la parole de Dieu. Il vit deux barques amarrées au bord du lac ; les pêcheurs en étaient descendus et lavaient leurs filets. Jésus monta dans une des barques, qui appartenait à Simon, et lui demanda de s’éloigner un peu du rivage. Puis il s’assit et, de la barque, il enseignait la foule. Quand il eut fini de parler, il dit à Simon : « Avance au large, et jetez les filets pour prendre du poisson. » Simon lui répondit : « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ton ordre, je vais jeter les filets. » Ils le firent, et ils prirent une telle quantité de poissons que leurs filets se déchiraient. Ils firent signe à leurs compagnons de l’autre barque de venir les aider. Ceux-ci vinrent, et ils remplirent les deux barques, à tel point qu’elles enfonçaient. A cette vue, Simon-Pierre tomba aux pieds de Jésus, en disant : « Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un homme pécheur. » L’effroi, en effet, l’avait saisi, lui et ceux qui étaient avec lui, devant la quantité de poissons qu’ils avaient prise ; et de même Jacques et Jean, fils de Zébédée, ses compagnons. Jésus dit à Simon : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. » Alors ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent. Lc 5,1-11

« Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création. » (Mc 16, 15), dira Jésus à ses disciples avant de monter au ciel. Même si l’Église a été établie pour l’évangélisation du monde entier, il n’y a pas beaucoup de chrétiens qui se sentent vraiment saisis de ce mandat. Pourquoi ? … Quels sont les entraves qui empêchent d’annoncer avec franchise et courage le message de l’Évangile ? … Il y en a plusieurs, mais le passage de la pêche miraculeuse d’aujourd’hui nous permet de mettre en lumière quel est l’obstacle principal : le manque d’audace découlant du risque d’échouer et la peur de tomber dans le ridicule.

Le passage de l’évangile d’aujourd’hui nous mène sur le bord du lac de Génésareth, aux heures chaudes du matin.  Des pêcheurs, après avoir peiné toute la nuit sans rien prendre, sont descendus de leurs barques et lavent leurs filets. Jésus, le nouveau Rabbi qui est déjà très renommé en raison des miracles accomplis à Capharnaüm, s’approche d’eux, monte sur la barque de Pierre et se met à parler à la foule. Peut-être Pierre n’écoute-t-il pas beaucoup ce que dit Jésus, mais il est euphorique car Jésus enseigne à partir de sa barque. Toutefois, à la fin du discours une surprise l’attend. Jésus lui dit : « Avance au large, et jetez les filets pour prendre du poisson. » Pierre estime que ceci est tout à fait inutile car, à cette heure là, les poissons ne nagent plus au large en quête de leur nourriture ; et le Maître, n’étant pas un expert de la pêche ne sait sûrement pas que lorsque le soleil est plus haut dans le ciel ce n’est absolument pas le meilleur moment pour pêcher. Ainsi, au début, Pierre estime de ne pas suivre ce conseil un peu farfelu pour ne pas se rendre ridicule, échouant à nouveau et étant obligé de ramener au rivage une deuxième fois la barque vide.  C’est bien ce qu’il est en train de penser lorsqu’il répond à Jésus : « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre… » Mais il réagit à la fatigue et à la déception de la journée, il met de côté ses idées noires et accomplit un acte de foi, faisant confiance à Jésus : « Mais, sur ton ordre, je vais jeter les filets. » C’est la décision qui change sa vie. À ce moment là, Jésus se rend compte qu’il se trouve face à un homme courageux qui sait relever les défis difficiles et sur lequel il est possible de miser. Ainsi, il accomplit le miracle décrit dans le passage d’aujourd’hui et, à la fin, il annonce à Pierre : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. »

C’est en raison de cette capacité de faire face à des épreuves impossibles que Pierre, après la Pentecôte, annoncera pour la première fois l’Évangile au monde entier : « Alors Pierre, debout avec les onze autres Apôtres, prit la parole ; il dit d’une voix forte :  ‘Habitants de la Judée, et vous tous qui séjournez à Jérusalem …. Hommes d’Israël, écoutez ce message. Il s’agit de Jésus le Nazaréen, cet homme dont Dieu avait fait connaître la mission en accomplissant par lui des miracles, des prodiges et des signes au milieu de vous …. Or, Dieu l’a ressuscité en mettant fin aux douleurs de la mort, car il n’était pas possible qu’elle le retienne en son pouvoir.′ »  (Ac 2,14-24). Lorsqu’en défiant ses limites, les échecs possibles et le risque d’être perçu par les autres comme une personne envahissante – ou même ridicule –, un chrétien se lève et annonce le message de l’Évangile, voilà que, du coup, c’est l’évangélisateur qui naît en permettant à l’Église de vivre son propre mandat. 

Donne-nous aussi, Seigneur, l’audace d’annoncer l’Évangile.

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