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2 Janvier

L’esprit du missionnaire

Et voici quel fut le témoignage de Jean, quand les Juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander : « Qui es-tu ? » Il le reconnut ouvertement, il déclara : « Je ne suis pas le Messie. » Ils lui demandèrent : « Qui es-tu donc ? Es-tu le prophète Élie ? » Il répondit : « Non. Alors es-tu le grand Prophète ? » Il répondit : « Ce n’est pas moi. » Alors ils lui dirent : « Qui es-tu ? …. Que dis-tu sur toi-même ? » Il répondit : «Je suis la voix qui crie à travers le désert : Aplanissez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe. » Or, certains des envoyés étaient des pharisiens. Ils lui posèrent encore cette question : « Si tu n’es ni le Messie, ni Élie, ni le grand Prophète, pourquoi baptises-tu ? » Jean leur répondit : « Moi, je baptise dans l’eau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas : c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis même pas digne de défaire la courroie de sa sandale. » Jn 1,19-28

Ce passage de l’évangile, qui semble se rapporter uniquement à Jean le Baptiste, en réalité doit être considéré comme étant la magna charta de tout missionnaire, de tout croyant, voire de l’Église elle-même. L’Église est née pour évangéliser et si elle ne le fait pas elle n’est plus Église ; chaque chrétien qui ne se sent pas missionnaire est un chrétien pantouflard. Ceci est clair à la lumière du « mandat » : «Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création. » (Mc 16,15)

Malheureusement, de nos jours, nous ne sentons plus l’urgence que revêt ce « mandat » d’évangélisation, et l’Église elle-même semble s’être enlisée dans une guerre de position plutôt que d’être prête à l’offensive, c’est à dire la mission. On cherche plus le dialogue que l’annonce de la « bonne nouvelle ». La mission est interprétée comme étant surtout une bataille contre les injustices sociales plus que l’annonce du salut de l’homme. Si, par contre, on vit pleinement et courageusement ce mandat, on se trouve confronté à la plénitude de la grâce qui l’accompagne :  le Seigneur accomplit des chose extraordinaires avec des personnes simples comme Mère Thérèse de Calcutta. Le missionnaire fait aussi l’objet de plusieurs tentations : la première est que le monde a la tendance à transformer en mythe vivant les personnes qui ont été touchées par la grâce de Dieu et qui sont devenues extraordinaires. On accepte difficilement qu’un homme brille d’une lumière réfléchie : on préfère attribuer tous les mérites à la personne elle-même, en la transformant ainsi en idole. C’est alors qu’arrive la deuxième tentation : le missionnaire risque de croire que l’œuvre qu’il accomplit est le fruit de ses propres mérites et non pas du Seigneur. C’est pourquoi il finit par devenir son propre témoin, en oubliant que c’est le Seigneur qui l’envoie, qui lui donne l’Esprit et qui fait accomplir de grandes choses à de petits hommes. Le résultat est que la mission est utilisée au profit de soi-même/à son propre avantage : voilà que naissent les sectes et parfois les fortunes personnelles. Jean le Baptiste est confronté à cette tentation dans l’évangile d’aujourd’hui :  « Qui es-tu donc ? », « Je ne suis pas le Messie », « Je suis la voix qui crie à travers le désert. » Voilà ce qu’est un missionnaire : une voix, un instrument qui est joué par l’Esprit Saint.

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